Dans la jungledes packagings

Fort de son succès, la gamme Gault & Frémont engagée va être commercialisée avec son message « eco-friendly ».

LA RÉVOLUTION ÉCOLOGIQUE EST EN MARCHE DU CÔTÉ DES EMBALLAGES. ENTRE PAPIER, CARTON, PLASTIQUE... ET NOUVEAUX MATÉRIAUX, DIFFICILE DE S'Y RETROUVER. LE POINT SUR UN SUJET AUQUEL LES CLIENTS PORTENT DE PLUS EN PLUS D'ATTENTION.

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FANTASTIQUE, LE PLASTIQUE ? Ce n'est plus du tout l'avis des consommateurs ! D'après une étude menée l'année dernière par Pro Carton, « quatre Français sur dix réduisent leurs achats de produits conditionnés dans des matériaux non durables et un tiers évitent certains produits en raison de préoccupations liées à l'emballage. » Ce changement de mentalité est accentué chez les plus jeunes : « 61 % des 19-29 ans déclarent avoir changé de marque pour des raisons d'emballage, de recyclabilité ou de suremballage ». En mars, une pétition incitant la chaîne McDonald's à réduire ses déchets a recueilli plus de 100 000 signatures en moins de deux mois...

Papier et carton en tête

Les fabricants d'emballages ont conscience

de ce virage. Lors du dernier Sandwich & Snack Show, tous mettaient en avant leurs dernières créations axées sur le développement durable. Comme Gault & Frémont, couronné

d'un prix pour sa gamme engagée en kraft, fabriquée en France, labellisée PEFC-FSC

(matières premières issues de forêts bien

gérées), OK Compost Home, imprimée à

l'encre végétale et éventuellement équipée d'une fenêtre transparente en cellulose

biodégradable et compostable. D'autres, comme Thibault Bergeron ou les ateliers Porraz, adoptent une politique comparable.

Pour ceux qui recherchent avant tout

la transparence (les clients apprécient

de voir le contenu), la cellulose (également appelée NatureFlex) apparaît comme une

alternative au plastique. C'est la base

du discours de FDR Emballages, qui utilise

une version appelée ETP (Ecological Transparent Paper), pour ses Boxbis. « Ce

film biodégradable à la maison, qui résiste aux huiles et sauces, supporte le réchauffage jusqu'à 150°C, affirme Victoria Ledoux, responsable commerciale Grand Ouest pour FDR. Utilisé en tant que fenêtre, il est cependant sensible à l'humidité : il a tendance à gondoler au bout

de quelques heures. »

Matériaux biosourcés ou recyclés ?

Le plastique étant montré du doigt par les consommateurs, la plupart des

fournisseurs proposent des équivalents

biosourcés : à base de maïs, de pulpe de canne ou de bambou. Le revers de la médaille, c'est que ces matières premières viennent d'Asie et de Russie, engageant un impact carbone important, en raison de leur transport. Sans compter les conditions de production de ces végétaux : « s'ils sont cultivés au détriment de cultures vivrières ou de l'écosystème local, la solution alternative peut être pire que le plastique », estime Sylvain Pasquier, spécialiste des emballages pour l'Ademe.Dans le discours des uns et des autres,

le plastique apparaît finalement comme

un moindre mal : quand il est correctement trié et recyclé, il reste dans la course du point de vue de l'impact environnemental. Diabolisé, il nécessite désormais d'être

expliqué pour être accepté, qu'il soit recyclable (avec des conseils sur le tri) ou recyclé. Pour la marque Duni, c'est une référence phare : « Notre gamme ecoecho inclut des verres, pots à salade et couvercles de boîtes constitués de rPET, de 80 à 100 % d'origine recyclé », note Sylvie Bernard-Brunel, responsable marketing.

La recyclabilité en question

Au-delà du matériau (l'essentiel de la facture écologique reste dans la fabrication), la fin

de vie des emballages pose problème. À l'heure

actuelle, tous les emballages recyclables ne le sont pas forcément. « Les matériaux émergents nécessitent des modalités de traitement spécifiques, qui prennent du temps à mettre en place », explique Sylvain Pasquier, de l'Ademe. Les composites accentuent encore les difficultés : « séparer les différentes couches n'est pas envisageable ». De plus, la signalétique de tri manque de clarté. Au final,

de nombreux packagings finissent encore

dans les incinérateurs ou les sites d'enfouissement... Il n'y a aujourd'hui pas de solution

miracle. Le bon déchet reste celui que l'on

ne produit pas. Adopter des contenants

réutilisables fait partie des pistes (c'est une partie de la politique de la marque Comatec, par exemple), mais cela nécessite une manutention supplémentaire. En attendant une amélioration des filières de traitement, vous pouvez d'ores et

déjà vous questionner sur d'éventuels suremballages et promouvoir le bon tri des déchets. En magasin, des poubelles séparées, accompagnées d'un affichage clair sur ce qu'elles peuvent contenir, montreront votre bonne volonté. Un réel argument marketing, surtout si votre démarche est sincère.

Cécile Rudloff

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